Tabac chauffé et vapoteuse : apprendre à différencier

Présenté comme une nouvelle alternative aux cigarettes traditionnelles, le tabac chauffé est parfois confondu avec la cigarette électronique. Les deux solutions sont pourtant très différentes. Quelques explications pour s’y retrouver.

Face à l’essor du marché des cigarettes électroniques, les grands industriels du tabac ont souhaité réagir. En souhaitant proposer une alternative « à nocivité réduite », des entreprises telles que Philip Morris ont développé leur nouveau produit, le tabac chauffé. Le dispositif est composé d’un appareil muni d’une batterie, quelque peu semblable à la cigarette électronique, où doivent s’insérer des « sticks » de tabac vendus chez les buralistes. L’argument de vente est simple. Plutôt que de brûler le tabac comme une cigarette traditionnelle, l’appareil le chauffe aux alentours de 300 degrés pour permettre son inhalation, mais limiter la combustion. Cela aurait pour effet de réduire considérablement la nocivité, tout en gardant l’expérience de la cigarette. De nombreux modèles existent, avec pour chacun des spécificités dans le design et des coûts différents. Mais la promesse reste la même : proposer un nouveau produit moins nocif, en gardant le tabac au centre de l’expérience. Qu’en est-il en réalité ? Il faut d’abord noter qu’une grande majorité des données existantes sur cette solution provient directement d’études financées par le groupe Philip Morris, qui investit plusieurs milliards de dollars dans la recherche, limitant la visibilité des études indépendantes. Cependant, les autorités de santé et les experts ne sont pas dupes, et plusieurs éléments sont déjà pointés du doigt. De même pour les distributeurs de cigarettes électroniques, qui désirent montrer que vapoter et fumer restent deux actions bien distinctes.

Deux produits, deux combats

À la différence de la cigarette électronique, le tabac chauffé n’est pas considéré comme une solution de sevrage. Pour le moment, il est difficile d’évaluer ses effets, mais sa composition reste quasi identique à celle des cigarettes classiques. De nombreux additifs potentiellement toxiques et cancérigènes viennent s’ajouter à la nicotine. Par pyrolyse, le tabac chauffé rejette aussi du monoxyde de carbone dans l’air, qui peut porter atteinte à son utilisateur, ainsi qu’aux personnes alentour. La combustion est néanmoins 3 fois inférieure à celle de la cigarette traditionnelle. Pour une vapoteuse, de nombreux e-liquides existent avec une concentration plus ou moins forte, voire nulle, en nicotine. Le tabac chauffé garde quant à lui d’importants taux de la substance, ne réduisant aucunement la dépendance. En termes de prix, la vapoteuse reste encore la solution la plus économique, ne subissant pas les taxes sur le tabac et bénéficiant de son statut d’outil de sevrage. Il est donc compliqué d’établir quels seront les effets à long terme d’une utilisation du tabac chauffé, et si cette solution est vraiment une alternative moins dangereuse, mais il est certain que la cigarette électronique est bien plus reconnue pour ses bénéfices. De nombreux médecins et spécialistes alertent sur la commercialisation de ces nouveaux produits des géants du tabac. Les autorités de santé soulignent le fait que ces entreprises n’auraient rien à gagner à sevrer ses consommateurs, et invitent les personnes souhaitant arrêter la cigarette à se tourner vers des solutions mieux reconnues et indépendantes.